C’est un album qui ne sort qu’en juin mais dont je veux vous parler dès maintenant, car dès aujourd’hui, ce fut un coup de cœur inattendu…
Et pourtant, c’était mal parti.
Quand on reçoit 3 CD par jour ouvrable, il faut avouer que cela forme un drôle de conglomérat polychrome au bout d’un moment, sans compter les communiqués de presse qui eux s’empilent d’un autre côté. Je ne vous ai pas parlé des 80 e-mails, ce qui constitue l’autre tonneau des Danaïdes un peu effrayant que l’on vide chaque jour avec la touche suppr., tout en mettant quelques perles de côté. Rappelons que Songazine est un webzine amateur (mais éclairé 😉) ne rapportant que des joies et plaisirs bénévoles et intellectuels. Il fut un temps où des armées de journalistes culturels jouissaient de CDI au sein de rédactions affairées de magazines musicaux à fort tirage. Ils ne sont plus qu’une poignée inquiète et les titres payants disparaissent comme fond la neige au soleil.
Or, disons-le tout net, un simple coup d’œil à la couverture de ces envois multiples, aussi appelée « artwork », sonne parfois le glas ou l’heure de la découverte de la musique qui y est gravée. Qui plus est, avec un lecteur CD de maison peu écouté car mal situé, il faut franchir l’étape de l’autoradio et des rares moments où je serai seul en voiture (le sombre RER de la ligne A étant ma monture quotidienne pour aller gagner quelques subsides).
Autant vous dire que Songazine doit évoquer 1% des propositions reçues chaque année, même en publiant environ 250 posts par an, dont certains chroniquent 5 ou 6 albums/ singles/ concerts.
Voici donc une très belle surprise !
L’album All There Is de la finlandaise Ina Forsman fut à deux doigts de s’enterrer dans une longue colonne d’œuvres (hélas) inécoutées par votre humble rock critic.
La photo illustrant l’œuvre m’avait aiguillé dans une direction erronée (voir ci-après) ; je m’étais dit « mais qui est cette Mata Hari ? » et « musique orientale, bon, peut-être, mais ne suis pas dans le mood, on verra un jour… ».
Or, j’avais totalement faux, j’étais leurré, je m’égarais bêtement. Clichés et a priori avaient surgi dans mon esprit.
Dimanche midi.
Ayant attrapé une poignée de CD justement, pour écoute-test en allant déjeuner chez un ami ce dimanche, je saisis dans le lot icelui, un peu par hasard…
Waow !
Tadaaaa
Un coup de cœur au volant, CD écouté en entier, et à nouveau en rentrant.
Nous voici plutôt projetés dans les années 50 à 70, et du côté du jazz, de la soul, du blues et de tous les styles que l’on pourrait entendre dans un club enfumé, mais classieux, de Chicago ou New York.
Une voix magnifique, chaude, sensuelle dans un anglais de velours qui nous parle d’amour bien entendu sous toutes ses formes, avec de l’émotion dans chaque demi-ton. Des chansons qui semblent former des classiques immédiats. Allez, j’ose, ce serait du niveau Amy Winehouse en moins cassé, moins rauque mais tout aussi bien forgé avec des morceaux de passé et un talent au présent.
Et on lit que la belle et brillante jeune femme « a tout réalisé » sur cet album (démos, piano, arrangements de cuivres et cordes, …), ce qui est un joli tour de force.
Bref, le contenant et le contenu ne (me) racontaient pas la même histoire.
Conclusion :
Il faut écouter tous les CD reçus, même quelques secondes.
Don’t judge a book (a record) by the cover.
Ina Forsman, album All There Is, 5 *, 18/20, grosse recommandation pour les aficionados des belles voix, du jazz vintage et ce tout DJ d’un endroit élégant, restaurateur qui reçoit des amoureux, barman qui veut sublimer son établissement.
Thanks Ina Forsman, we gon’ be fine.
Jérôme « mais pas toujours l’temps » V.