New Order, groupe majeur et puissante composante à double hélice de mon ADN musical, comme de celui de millions de fans.

Une histoire riche, démarrée dès la mort subite de Ian Curtis, le phare (trop) sensible de Joy Division qui a explosé la veille de leur première tournée aux USA et les a obligés à repartir, KO debout, les yeux encore secs et éberlués par ce drame aveuglant.

Peter Hook raconte en détail la saga des deux groupes cultes et de leur entourage de cramés du bulbe dans ses trois livres (« Inside Joy Division » et celui-ci aka « Inside New Order » ou in French, « Substance : New Order vu de l’intérieur » et en bonus : « L’Haçienda, La meilleure façon de couler un club »).

J’ai lu le premier, je connais l’histoire par cœur, d’ailleurs mon entreprise se nomme Joy Transmission, c’est limite si je ne me suis pas fait tatouer la pochette d’Unknown Pleasures sur le dos.

Ci-après un compte-rendu du second bouquin qui s’ouvre quand finit Ian Curtis et s’achève avec l’explosion toxique de New Order en 2007. Un pavé de 750 pages, pour le lire il faut bien se caler !

Ce livre est assez terrifiant.

Peter Hook raconte sans fard, sans artifice et j’imagine sans mentir l’épopée du groupe avec mille anecdotes et grandes et petites histoires. Il balance tout. Rien n’est oublié, pas une ligne de coke, pas une mésaventure, pas une nuit blanche avec ou sans groupie.s, pas une session d’enregistrement. La mise en page intègre des encarts « techniques » pertinents (sur les instruments électroniques par exemple), mais aussi des chronologies au laser de chaque année émaillées d’autres anecdotes, comme de listes et classements subjectifs de notre grand bassiste (« 10 choses à ne jamais faire lorsque l’on monte un groupe » « 10 meilleurs hôtels au monde»).

Peter Hook Bassist Cover and Feature

Ce qui frappe est bien évidemment, le delta entre les productions extraordinaires du groupe (chansons et concerts), ce qu’ils laisseront dans le marbre de la postérité vs. ces tranches de vie terriblement humaines, parfois dérisoires, souvent assez dingues. Radiographie de rock stars percées jusqu’à l’os et ce n’est pas vraiment rose, soyons clairs.

Ce qui compte, bien entendu c’est ce qui restera : leurs disques sont désormais des « classiques » mille fois source d’inspirations, leurs pochettes sont fabuleuses (merci Peter Saville pour les déclinaisons graphiques et intemporelles). Marquer l’Histoire est un privilège dont peu peuvent se vanter.

En revanche, ce que nous narre Peter Hook est tordu, bizarre, souvent drôle, rempli de fureur et de cris, de folie, de petites disputes et de grandes escroqueries ; la notion de désastre financier est un fil rouge de cette chronologie sans pitié, et l’on se souviendra que « there is no business like show business »). Allez, on se lance dans une image de traviole : le scénario des Pieds Nickelés de Salford près de Manchester qui font des trucs géniaux avec leurs doigts et entrent en force au Louvre de la Culture mondiale, le nez poudré.

Ne toussez pas, la drogue et l’alcool sont omniprésents, à en faire péter les plombs des musiciens, des managers, des roadies et de toute la folle équipe de l’Haçienda, ce gouffre halluciné dévoreur de livres sterling à la poignée, étanche comme un sous-marin sans écoutille. On rigole, on se pinte, on se bagarre et les déficits se creusent ; Yeepeee.

Hook lui-même ne s’épargne pas, ne se cache pas pour se jauger sans fard. Il le fait de la même façon pour les autres membres de New Order, mention spéciale pour bastonner dans les cordes, avec rasoir et sans les gants son Barney préféré, aka Bernard Sumner. Meilleur ami/ meilleur ennemi ?

On le sait New Order sans Peter Hook joue toujours et vice-versa et ils en sont venus aux avocats et à la guerre du légal. Divorce pas amiable, pour le moins ! Un ami libanais, plein de sagesse orientale, me dirait « une dispute est d’autant plus longue que les torts sont également partagés ». je crois Hooky sur parole tout en me doutant bien que rien n’est noir ou blanc, clair et net comme une pochette de Joy Division ! J’ai vu, en concert, Peter Hook and The Light trois fois, il reprend tout JD et tout NO avec maestria et sa sincérité, et son talent de musicien n’est pas oxydable, voilà qui est avéré. La pérennité des œuvres créées, par les uns avec les autres ne saurait être remise en question, le modeste fan que je suis vénère cela et ne prend pas parti…

Tout de même, un peu KO en finissant le pavé (Editions Le Mot Et Le Reste, 33 €), je vous recommande de plonger les yeux ouverts dans ce road-trip avec des tripes ET de regarder avec attention des interviews de NO et Peter Hook dont les témoignages et échanges permettent de se faire aussi une autre idée.

Un gros, chaud, beau livre, 100% transmission, à ne pas louper. How does it feel to treat me like you do… hein ? A vous de voir !

Jérôme «touched by the hand of Hook » V.

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