Vous sortez un premier album, vendredi 18 octobre 2019, sous ce pseudonyme et il s’intitule Nord Noir. Côté musical, de quoi s’agit-il ?
Nous entendrons grâce à vous, des pistes sonores créatrices d’ambiances et d’atmosphères. Electronica sous toutes ses formes, nappes, longues séquences rêveuses ou nerveuses.
Mais plus encore ?
Né à Dunkerque, je sais comme vous que le Nord c’est fort, l’Histoire, les mines, le charbon… tout cela est un vaste sujet humain, puissant, poignant.
Ce qui me touche dans votre album, déjà, c’est la track-list. Chacun des titres évoque puissamment cet univers sombre, mais tant chargé de sens. Galerie Boisée, Extraction, Schiste Pyramide. Sans oublier les combats, plus violents sur terre que sous terre, dont les mineurs ont fini par être victimes, avant de disparaître (Vaine Bataille, Final Silence).
Ce qui est également impliquant pour vous est l’hommage à votre propre grand-père (« il était contremaître dans une cokerie, a été victime d’une explosion tuant des ouvriers, a été brûlé puis accusé sur son lit d’hôpital par les Houillères » in Les Inrocks). Ce sujet, vous l’avez abordé avec respect et considération, votre travail de production et d’enregistrement en est pétri.
Vous avez pensé et distillé cette thématique par l’outil électronique. Les synthés racontent, les samplers doucement puis s’essuient les joues, les rythmes creusent et les atmosphères ont bien des gueules (noires) d’atmosphères… La techno est au service d’une cause, elle qui ne dit jamais rien.
J’ai un seul regret (mais la science du remix est infinie), c’est que vous n’ayez pas mis encore plus de sons industriels, de bruits échantillonnés, de murmures de ces ouvriers oubliés qui ont foré le sol et porté l’économie du pays avant d’être oubliés.
Pour conclure, cher natif d’Hénin-Beaumont, je vous sais gré pour votre belle ouvrage. L’esprit des terrils, des cités ouvrières, de la poussière de charbon et des fumées à jamais envolées dans le ciel (si bas qu’un canal s’est perdu ?) du Nord vous remercie.
Infiné-ment.
Jérôme « 59 » V.