Alors voilà, l’exercice est redoutable.
Pour comparer ce qu’il faut inventer afin de rédiger une critique de l’album d’Acid Pauli, appelé BLD et œuvre sonore d’un fort génial allemand nommé Martin Gretschmann, je vous donne une feuille blanche, dix minutes pour me sortir ex nihilo un texte où transparaîtra votre émotion sur l’un des tableaux suivants :
Ah , on se gausse un peu moins ?
Votre serviteur va néanmoins s’y mettre sans broncher. Vous n’aurez pas 4 copies doubles mais c’était possible, c’était possible…
Préambule
L’abstraction sonore, le dépouillement, la répétition de boucles jusqu’à épuisement, n’est-ce pas une façon de défier le vide, l’inconnu, la mort elle-même ? L’ électronique musik n’est plus humaine, mais à force de ténacité, elle finit par suinter d’incertitude.
Partie 1
Une écoute multiple, concentrée et faisant fi du quotidien gris qui nous entoure des 8 pistes de BLD procure un sentiment hypnotique et bienfaisant. Se laisser aller, voie avec issue pour qui suivra Martin Gretschmann.
Partie 2
La simplicité apparente des entrelacs sonores qu’Acid Pauli tisse pour nous sans peur, sans hâte et sans défaut révèle malgré tout une approche complexe. Chaque track recèle in petto une montée étrange et lumineuse. Chemin, voie, piste c’est bien la traduction de track en français.
Qui plus est, chaque sentier que vous suivrez a sa propre couleur, indéfinissable mais certaine, se distinguant dans le nuit noire par des reflets doux et engageants.
Partie 3
Le mystère ajouté par le fait d’avoir baptisé d’un prénom (Abebe, Jorge, Amadou, Joan,…) chaque morceau pique l’imagination de l’auditeur, et le pousse à créer dans sa tête un portrait en négatif d »êtres humains réels ou imaginaires ayant croisé la route du musicien.
Transition avant la conclusion.
Le rock critic a été touché par une force mystérieuse, attirante et puissante, comme celle qu’il ressent devant un Rothko, un Miro, un Soulages ou un Klein.
Expliciter une émotion ressentie en mots est un défi perdu, mais au moins faire l’effort d’en saisir la fugacité est un premier hommage. L’artiste a travaillé, son public commence à la première personne qui l’écoutera dans son intégralité : j’en suis, j’y reste.
Conclusion
D’un revers de main, les contempteurs auront balayé cette béate contemplation, ils auront écourté cette patiente audition. Minimal, simpliste, enfantin, évident auront-ils gémi avant de s’en remettre à des formes plus grossières par leur évidence lourde.
Et alors répondrons-nous, éperdus et souriants, passez votre route, laissez-nous filer loin sur nos tracks et nos monochromes lancinants : nous cheminons vers les étoiles.
Jérôme « … » V.
PS : et , waow, quelle couverture pour cet album !!
