Bougez pas ! Les mains sur la table. Je vous préviens qu’on a la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours.
(Bernard Blier, Les Tontons flingueurs, 1963, écrit par Michel Audiard)
Je ne connaissais pas du tout les 10.000 Russos, et je découvre cet album qui tire une bordée d’obus dans la brume, un peu comme un cuirassé british en 1940, et le calibre c’est du 400 MM. On me dit que c’est un trio, venant du Portugal. On me notifierait que c’est un duo arrivant de Reykjavik ou un quintet originaire de la Ruhr, je goberais le pitch de la même façon. N’y voyez point de mauvaise foi, juste un constat d’efficacité nostalgique avérée.
Ça s’appelle Distress, Distress, il y a 6 tracks d’ambiance totalement étrange, sombre, pleine d’échos, de voix sépulcrales et de boucles rythmiques obsédantes. Ben oui, ils ne vont pas intituler leur disque Happiness, Happiness quand même, ou alors ce serait en mode MDR (ooops, MDR n’est pas le meilleur qualificatif pour évoquer ces méandres de fleuves mélodiques charriant de sombres pensées).
Genre : Moon Duo se frotte à Alan Vega en studio et ils sont passés à la pharmacie juste avant, pif paf, c’est la fête à Neu, Neu !
Autant vous dire qu’on n’est pas là pour se marrer ou parler de trucs raisonnables, rationnels, liés à une réalité claire et carrée.
En quelques mots, si vous aimez le dark, le fumeux, le pas net, le psy-quelque chose, le cramé et les histoires de fantômes qui font peur, les Dix Mille Roussis sont pour vous.
Moi j’adore. Et vous ?
Jérôme « Europa kaput moi chui bien d’accord » V.
On a dû arrêter la fabrication, y a des clients qui devenaient aveugles : ça faisait des histoires.
(Francis Blanche, Les Tontons flingueurs, 1963, écrit par Michel Audiard)